« Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. »
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. La fête de la Croix glorieuse que nous célébrons nous invite à contempler la mort de Jésus sur la Croix comme une source de vie, une source de guérison pour chacun de nous. C’est un paradoxe qui ne peut être appréhendé que dans le lien d’amour qui nous unit à Jésus. La foi nous donne de découvrir l’étonnante « vie qui surgit de cet arbre qui donnait la mort. » L’horreur du supplice de la croix est lu, à la suite de Marie, comme la Croix glorieuse par laquelle Jésus nous donne la vie ! Comment peut se faire la transformation d’un instrument qui donne mort en un lieu où surgit une source de vie ? En célébrant « l’exaltation de la Croix, » nous célébrons Jésus qui a été élevé jusqu’à la Gloire du Père par le don total qu’il a fait de lui-même pour notre salut. La « Croix glorieuse » nous fait contempler la victoire de Jésus sur les forces du mal et de la mort. Elle devient le signe de la réconciliation définitive entre Dieu et l’humanité, le signe de la victoire de la Vie sur la mort. La vie éternelle, c’est l’Amour infini de Dieu que nous accueillons par la foi. C’est dans la nuit de la Foi que se réalise le mystère de la Compassion de Marie que nous rejoignons au pied de la Croix ou Jésus est élevé. Quand nous sommes dans la détresse, nous avons davantage besoin les uns des autres. Nous faisons mémoire de la croix glorieuse de Jésus auprès de tous ceux, qui, quelque part le monde, subissent la persécution. Nous nous tournons vers ceux qui sont « saisis » par la souffrance et nous demandons pour eux la patience et la persévérance de Jésus !
« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » L’exaltation de Jésus crucifié est la conséquence de son abaissement. Le Verbe de Dieu, qui partageait la gloire du Père, a préféré abandonner cette plénitude pour se cacher dans notre humanité. Dans l’Incarnation du Verbe se manifeste l’amour de Jésus pour nous et l’amour de son Père qui nous le donne. La transformation de la mort en vie, de la croix comme supplice en source de Vie, s’opère par l’acte d’amour qui animait Jésus et son Père, alors qu’il traversait les épreuves de sa Passion. La fête de l’Exaltation de la Sainte Croix nous invite à méditer sur le lien profond qui unit la célébration Eucharistique et le mystère de la Croix. Chaque messe est la célébration sacramentelle du mystère pascal de Jésus. Elle rend actuel le sacrifice rédempteur du Christ. L’Eucharistie nous rappelle quotidiennement que notre salut jaillit de ce mystérieux échange dans lequel le Fils de Dieu épouse la mort pour nous donner gratuitement part à sa vie divine. Le processus de transformation du pain et du vin dans le Corps et le Sang de Jésus, la Pâque, réalise la transformation de la violence inhumaine en don d’amour. Ce processus de transformation n’a été possible que parce que Jésus est entré dans le mystère d’amour de son Père et qu’il a répondu par son amour à la violence qui lui a été faite. Le message de la Croix glorieuse, de la victoire définitive du Christ sur le Mal, sur le péché, le mensonge, et toutes les forces de mort, vient résonner dans notre cœur comme un appel à nous dépasser, un appel à croire qu’avec le Christ, tout est possible à Dieu.
« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » La Croix glorieuse est « l’explosion intime du bien » qui est vainqueur du mal, elle engendre la chaîne des transformations qui, peu à peu, changent le monde. Jésus dit oui à la volonté de Dieu qui lui demande de donner sa vie pour ses frères et sœurs. C’est par amour du Père et de l’humanité que Jésus dit un oui crucifiant. L’obéissance dans l’amour et dans l’action de grâce est un oui au Père. Par ce oui d’obéissance amoureuse, Jésus nous demande de faire jaillir la vie. Quand Jésus nous dit de « faire cela en mémoire de lui, » c’est moins la répétition d’un rite que l’entrée dans son obéissance confiante envers le Père. Suivre Jésus pour accomplir notre vocation de baptisé peut être crucifiant. Nous regardons les épreuves que nous traversons comme autant d’occasions pour entrer davantage dans la dynamique du don et de l’amour. La vie peut jaillir de nos croix unies à Jésus comme elle jaillit de la Croix de Jésus que nous appelons la Croix glorieuse. Nous entrons, par la Croix de Jésus, dans le mystère de l’Amour.