En partant de là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache.
Car il les instruisait en disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. Jésus fait route à travers la Galilée, il se fait le plus discret possible, et il instruit ses disciples des projets de Dieu sur lui. Après cette deuxième annonce de la passion, ses disciples craignent de l’interroger, comme si cette révélation de la passion prochaine était pour eux un secret impossible à porter, comme si les souffrances à venir projetaient déjà leur ombre, l’ombre de l’échec sur leur vie quotidienne avec Jésus. Seul le service humble de l’humilité active, nous permet à longueur de vie d’accueillir le présent. L’Évangile nous donne en son début la naissance de Jésus qui a commencé sa vie humaine lié à sa mère Marie ! C’est dans une grande dépendance à son Père des cieux que Jésus va terminer son pèlerinage au milieu de nous. Il instruit ses Apôtres en leur disant : "Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes." Jésus donne à ses disciples l’attitude qui est à prendre, celle d’un petit enfant qui demeure dans la dépendance de l’Amour : "Demeurer dans mon amour." Un petit enfant demeure avant tout dans l’amour de ses parents, c’est dans cet amour qu’il va se développer. La Parole évoque donc cet amour qui se donne au début et la fin de la vie. Si nous demeurons dans cet amour, Jésus peut nous dire les secrets de son message.
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demandait : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Les disciples se taisent, gênés, car ils avaient tourné le dos à la passion de Jésus. Comme pour oublier le chemin des souffrances, ils avaient fait des projets de grandeur et avaient commencé à se comparer entre eux. Jésus répond par la vraie grandeur qui est de se faire le dernier de tous, de se placer au-dessous de tous, non pas pour se faire remarquer par une humilité voyante, mais en se mettant en position de servir tous ses frères. Nous sommes dans l’enfantement d’une humanité toute nouvelle, Jésus nous libère : "La femme qui enfante est dans la douleur." A la suite de Jésus, l’Église enfante, elle aussi, un monde nouveau dans la douleur. Les Apôtres sont mis devant une nouvelle attitude : se mettre à l’école d’un tout petit enfant. Or les disciples recherchaient qui est le premier parmi eux ! Nous cherchons nous aussi à être le premier pour être indépendants. Or, c’est une erreur de ne vouloir dépendre de personne, c’est devenir esclave de ses passions et de son ambition. Pour Jésus, la dépendance à son Père, est le lieu de sa fécondité, Il va donner la Vie à chacun de nous.
Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé. » Quand on ne se soucie plus d’être le plus grand, on s’ouvre à l’accueil. Accueillir un frère au nom de Jésus c’est lui faire place dans notre vie, en nous référant à la personne de Jésus et à son œuvre, à ce que Jésus est pour ce frère. Dans la pensée de Jésus, l’enfant est une parabole vivante : on l’accueille sans regarder s’il le mérite, avant même qu’il puisse le mériter, simplement parce qu’il a besoin d’être accueilli. Tel est bien l’accueil que Jésus nous demande pour le plus petit, pour le plus insignifiant des frères qu’il nous envoie. « Quiconque m’accueille, dit Jésus, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » Il y a un changement de cap fondamental pour l’humanité, le Fils de l’homme est livré, ils le tueront, dit Jésus ! Il choisit de nous sauver par ce Chemin de petitesse, jusqu’à crier : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" Cependant il demeurera dans la confiance de son Père. Cette parole nous ouvre un chemin royal. Demeurer dans ce mystère de l’amour ne peut se révéler que dans une pauvreté totale et une désappropriation de soi la plus grande possible. C’est le mystère de l’Amour infini du Père et du Fils, dans l’amour qui est l’Esprit Saint, qui donne visage et sens à tout, que nous nous retrouvons en Dieu.