Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages situés dans la région de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il les interrogeait : « Pour les gens, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » A la question de Jésus à ses disciples, il nous faut répondre maintenant. Quelle image nous faisons-nous de Dieu ? Les psaumes nous donnaient déjà une idée de Dieu : « Il a délivré son Peuple des filets de la mort. » Jésus a fait marcher le boiteux, il a guéri l’aveugle, ceux qui étaient dans la tristesse, l’angoisse et la souffrance ont retrouvé l’espérance d’un secours. Jésus a accompli cette Parole il a libéré les souffrants, il les a délivré de la maladie. Il a relevé l’enfant de la mort, il est descendu jusque dans nos enfers pour y arracher pour nous les racines du mal. À la question de Jésus, les apôtres n’ont pas de réponse unifiée, car la réponse finale à cette question est l’identité du Messie et l’identité de Dieu même. Malgré les apparences et la diversité des réponses, une force mystérieuse est à l’œuvre. Nous n’approchons de cette réponse que de manière négative, en mourant à notre vision ancienne des choses et des personnes, en nous laissant continuellement transformer par la vie. « Si quelqu’un veut garder sa vie intacte, dit Jésus, il finira par la perdre. Celui qui accepte de mourir à sa vie actuelle à cause de moi et de l’Évangile, celui-là connaîtra la libération. » Ce que l’évangile de ce jour nous dit d’extraordinaire, c’est que nous arriverons tous à cette connaissance à laquelle Jésus veut que nous accédions. Il nous suffit de laisser la vie nous transformer, jour après jour, pour connaître la libération.
Jésus les interrogeait de nouveau : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prend la parole et répond : « Tu es le Messie. » Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne. Et, pour la première fois, il leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus pose la question à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre donne une réponse percutante qui semble tellement meilleure que celle donnée par les gens de son entourage qui le voient comme un prophète : « Tu es le Christ, le oint de Dieu ou Messie. » Cette réponse reflète cependant une incompréhension de ce qu’est vraiment Jésus pour lui, donc, en même temps, une incompréhension de qu’est vraiment Dieu. Pierre appartient à une génération de croyants, ou Dieu est perçu comme le Maître du monde et de l’histoire. Celui qui influence et contrôle les événements, Celui qui récompense les bons et punit les méchants, Celui à qui tout hommage et toute action de grâce doivent être rendus. Cette perception que Jésus est le Messie comme le fait Pierre, va devoir évoluer dans son cœur et son esprit. Ce Messie doit rétablir le royaume de David, un royaume où enfin les lois de Dieu ainsi que ses fidèles triompheraient. Pierre, comme chacun de nous, sera confrontés à la dureté de la vie, à la souffrance et à la mort, il se rendra compte qu’une partie de cette vision est faussée. Jésus dévoile un secret d’amour, pour la première fois il enseigne : "Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup qu’il soit rejeté ! Il sera tué et le troisième jour il ressuscitera." Il se révèle, dans l’humanité, une Révélation étonnante de l’image de Dieu qui est Amour.
Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. Pierre fera un chemin d’intériorité. Il comprendra alors que Jésus est descendu jusqu’au fond de la misère de notre humanité. C’est après, qu’il suivra Jésus envers et contre tout. Nous comprenons aujourd’hui que c’est progressivement que Pierre comprend à quel point Dieu nous aime. Nous ne sommes pas encore au temps ou Jésus ressuscité demande à Pierre au bord du lac d’apporter du poisson. Jésus avait préparé le repas pour ceux qui n’avaient rien péché pendant la nuit ! Maintenant il nous demande de voir ce qui est beau en nous. Il est venu nous redonner la vie. Il y a un changement de perspective dans l’image que nous avons de Dieu. Jésus qui nous a sauvés nous invite à marcher à sa suite, à entrer dans sa victoire qui sauve l’humanité, dans le plus grand amour. Jésus, le premier, a été soumis au plus cruel esclavage, jusqu’à être trouvé maudit sur la croix. Il n’y a rien de plus merveilleux que la suite de Jésus, c’est un acte d’amour libre.