"Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Cette parole est infiniment précieuse. Jésus se l’applique à lui-même. Il est Celui qui pardonne à son frère de tout son cœur. Avec Jésus, l’Agneau le plus persécuté, le plus maltraité d’entre tous les hommes, nous sommes appelés à entrer dans le Royaume. Il appelle Judas son ami au moment même ou il trame contre lui la plus perfide et exécrable trahison qui fut jamais. On le calomnie contre toute raison, on l’accuse faussement, on le méprise à tort, on lui crache au visage par indignation, on le fouette par risée, on le couronne d’épines par moquerie, on le traite outrageusement, on le fait mourir avec ignominie, et parmi tout cela il n’a que des pensées d’amour pour ceux qui le traitent de la sorte. Il les excuse, il ne parle que de pardon et de réconciliation pour eux auprès de son Père. C’est ainsi que Jésus nous sauve. Considérons le nombre d’avantages retirés d’une offense accueillie humblement et avec douceur. La patience et le courage auxquels nous sommes confrontés nous fait acquérir la charité. Si nous ne nous fâchons pas contre celui qui nous a causé du tort, nous sommes plus charitable envers ceux qui nous aiment. En déracinant la colère de notre cœur, nous obtenons un bien incomparable, car celui qui délivre son âme de la colère la débarrasse de la tristesse. Ainsi, nous n’userons pas notre vie en chagrins et en vaines inquiétudes.
"Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs." Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Un nouvel horizon s’ouvre à moi, savoir entrer en reconnaissance, mesurer, peser, savourer les bonnes choses qui me sont données, et redonnées. Savoir aussi considérer celui qui me les donne, apprendre à lui dire merci. Jésus opère une relation entre le Royaume de Dieu et le pardon que nous devons quotidiennement prodiguer. Si nous voulons nous trouver en harmonie avec le cœur de Jésus, un passage est à opérer dans notre vie, c’est celui du pardon envers et contre tout. Nous nous punissons nous-mêmes en haïssant les autres, nous nous faisons du bien en les aimant. C’est en nous conduisant ainsi que nous n’aurons plus d’ennemi. Alors, l’appel à la pitié me touchera vraiment, mon cœur sera compatissant, je serai proche de celui qui m’a remis mes dettes, proche aussi de celui à qui je remets sa dette, alors le Royaume habitera notre terre.
"C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur." Lorsque Jésus eut terminé ce discours, il s’éloigna de la Galilée et se rendit dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. La pitié est ce qui situe chacun de nous à sa juste place devant son frère qui demande de pouvoir vivre. Nous sommes bien des fois sollicités à prendre pitié et nous demandons la pitié à d’autres en vue de restaurer la relation. Là se joue beaucoup pour notre humanité. Le maître de la parabole demande de redonner à un autre ce qui lui a fait de bien. Jésus parle de lui lorsqu’il annonce ce Roi qui voulait faire rendre ses comptes, avec beaucoup d’amour. Nous voulons pardonner non seulement avec notre bouche, mais du fond du cœur, pour ne pas tourner contre nous-mêmes le fer dont nous croyons percer les autres. Jésus propose donc à Pierre de revêtir les sentiments de tendre compassion qui sont dans son cœur.