« Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. »

Dans notre marche vers Pâques, nous mettons nos pas dans les pas de Jésus. Nous voulons acquérir ainsi les sentiments qui étaient dans son cœur. Le jugement est implicite en nous. Dans un regard, on ne peut pas observer, écouter, et vivre sans juger. Le venin qui vient de notre jugement négatif doit être ôter de notre cœur. L’apôtre Paul écrivait aux Romains : Mais toi, pourquoi juger ton frère ? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Le jugement est délicat et complexe. Il manque de réalisme s’il n’est pas mené dans une connaissance aimante de la personne présente. Il nous faudrait en finir avec les jugements négatifs des uns sur les autres. « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, » est immédiatement suivi par le commandement de Jésus : « Ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. » L’action de juger est neutre, le jugement peut se terminer par une condamnation ou par une justification. Nous voulons regarder les réalités de la vie et du monde à travers le regard de Jésus, à travers son œuvre de Salut pour l’humanité. Quand nous avons conscience de notre misère, nous n’émettons plus de jugement sur l’autre mais nous demandons pour tous la miséricorde.
« Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; » La charité sincère nous lie d’affection entre nous. Pour aimer notre frère, il nous faut nous aimer nous-même sans nous surestimer. Nous ne minimisons pas nos défauts, mais nous les remettons à la miséricorde de Dieu. C’est dans la douce Lumière de Jésus qui nous sauve pour que nous parvenons à voir nos frères dans leur lumière et dans leurs valeurs. Pour estimer son frère, il ne faut pas s’estimer trop soi-même, il ne faut pas être trop sûr de soi. Jésus, dans sa vie sur la terre, n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu. Quand il fut baptisé par Jean, il se trouvait dans la foule avec les pécheurs, lui l’unique juste. Dieu qui nous sauve nous demande une attitude semblable à la sienne. L’attitude que nous avons pour nos frères est l’attitude que nous avons avec Dieu lui-même. La mesure avec laquelle nous bâtissons la communauté sera débordante pour nous.
"Car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » Les commérages sont l’une des choses qui empoisonnent le plus la vie commune. Il ne nous suffit pas de ne pas dire du mal des autres, il faut aussi empêcher que les autres le fassent en notre présence. L’ambiance d’une communauté est tellement différente quand on prend au sérieux l’amour des frères. Nous voulons nous montrer compatissants, comme notre Père est compatissant. Le cœur de Dieu est rempli de tendresse, il nous suffit de nous tourner vers Lui dans notre misère, et nous sommes illuminés par son visage plein d’amour pour tous. Nous avons besoin d’une grande compassion ! « Misère » et « cœur » sont inscrits dans le mot "miséricorde." L’attitude de miséricorde est guérissante pour nous qui nous reconnaissons pécheurs dans un peuple de pécheurs. Nous demandons le pardon de Dieu. Par son humilité Jésus donne un remède à notre misère et à notre faiblesse. C’est par son amour que Jésus nous sauve et nous lui demandons la grâce de lui devenir semblable. Quand nous sommes touchés dans notre propre chair par la misère de nos frères, nous recevons de Dieu pour eux une attitude nouvelle de miséricorde.