Les Pharisiens dirent à Jésus : « Les disciples de Jean jeûnent fréquemment et font des prières, ceux des Pharisiens pareillement, et les tiens mangent et boivent ! »

Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les compagnons de l’époux pendant que l’époux est avec eux ? Mais viendront des jours… et quand l’époux leur aura été enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là. » Il y a pour nous, dans cet Evangile, un enseignement profond qui a des conséquences très importantes pour notre foi quand Jésus manifeste un enseignement qui n’est pas en continuité avec celui des pharisiens. Il utilise la parabole qui lui est fournie, celle du jeûne, ainsi que deux autres paraboles, celle des outres neuves et du vin nouveau et celle d’une pièce neuve rajoutée à un vieil habit. Jésus constate que l’esprit nouveau qu’il apporte n’est pas du goût de tout ceux qui ont goûté au vin vieux qui est celui de l’ancienne loi et qui sont mal disposés à accueillir le vin nouveau qu’Il apporte Lui-même. Il fait difficulté à ceux qui se sont installés dans des repères religieux. Devant le jeûne et les prières rituelles des Juifs, Jésus a une liberté étonnante, Il parle un langage nouveau, il est l’époux qui donne la lumière intérieure à ceux qui lui font confiance. « L’épouse, suit l’agneau partout où il va, » dit l’Apocalypse. La relation à Dieu est une relation d’amour, une relation de noces.
Jésus leur disait encore une parabole : « Personne ne déchire une pièce d’un vêtement neuf pour la rajouter à un vieux vêtement ; autrement, on aura déchiré le neuf, et la pièce prise au neuf jurera avec le vieux." Cette nouvelle parabole dit l’esprit nouveau que Jésus apporte est tout le contraire de celui du légalisme dont faisaient preuve les pharisiens. Jésus donne une unique et seule raison à la pratique du jeûne : "Les compagnons de l’Époux jeûneront quand l’Époux leur sera enlevé." C’est-à-dire que le jeûne est traduction de l’absence du bien-aimé. C’est quand l’Époux, Jésus Lui-même, sera enlevé aux disciples, d’abord par sa Passion et son ensevelissement, puis par son Ascension auprès du Père que nous jeunerons. En ce temps de l’Église que nous vivons et où Jésus s’est fait invisible, nous sommes dans l’attente de son retour, dans l’attente de la rencontre et nous jeunons. Jésus se manifestera à nous et nous pourrons le voir face à face. Jésus est l’époux de son peuple, il a pris notre humanité, il est descendu dans nos angoisses jusque dans notre mort, pour nous délivrer de nos enfers, il nous en a sortis et il nous fait remonter vers le Père. Là, dans la foi, nous sommes avec lui en vivant de sa vie, nous avons revêtu le Christ ! L’Esprit Saint nous est donné pour que nous entrions dans un nouvel amour infini et pour toujours. « Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, (…) en faisant la paix par le sang de sa croix. » Ses disciples jeûneront quand l’époux leur sera enlevé. Jésus est la tête du corps d’une nouvelle humanité, c’est-à-dire de l’Église.
« Personne non plus ne met du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, et il se répandra et les outres seront perdues. Mais du vin nouveau, il le faut mettre en des outres neuves. Personne, après avoir bu du vin vieux, n’en veut du nouveau. On dit en effet : C’est le vieux qui est bon. » Notre vie est un pèlerinage sur les pas de Jésus, elle est en lui : nous sommes siens, nous sommes à lui. L’Esprit Saint nous renouvelle de l’intérieur dans une liberté nouvelle. Jeûner est d’abord pour nous prendre conscience de l’absence du Christ, de cette impossibilité pour nous de mettre ce Vin nouveau ailleurs que dans des outres neuves, c’est à dire dans une vie nouvelle, pour pouvoir l’étreindre, le voir, le contempler dans la foi qui est une richesse extraordinaire mais qui est obscure. Quand le Christ se proclame l’Époux de l’humanité, l’Époux de chacun d’entre nous, il veut dire qu’il y a entre Lui et nous une intimité si profonde, si intense, qu’elle pourra justement susciter en nous le désir de cette attente, de cet émerveillement. Le visage humain de Jésus, né de la femme, est le resplendissement de l’amour infini du cœur de Dieu. Dieu s’est révélé à Marie le jour de l’annonciation comme une source d’Amour au-delà de tout. C’est dans l’accueil de cet amour que nous sommes introduits dans le cœur du Père, dans le jaillissement infini de l’amour infini du cœur de Dieu.