"Comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »

Au lendemain de la fête du Christ Roi, la liturgie nous fait méditer longuement sur l’avenir. Jésus le fait dans le langage traditionnel des apocalypses et dans un cadre qui englobe la terre et le ciel, le soleil, la lune et les étoiles. Certes, Jésus a en vue des événements proches : la ruine du Temple de Jérusalem, il fait aussi allusion aux épreuves et aux persécutions qui frapperont les disciples. Jésus nous dit l’illusion qu’il pourrait y avoir à bâtir le Royaume de Dieu à l’extérieur du mystère de son amour infini ! Nous voulons toujours bâtir quelque chose de beau, selon nos vues, être généreux ! C’est ainsi, que progressivement, nous entrons dans l’illusion que nous pourrions bâtir ainsi le Royaume de Dieu par nous-même. Jésus nous a dit : « Mon Royaume n’est pas de ce monde. » Il nous faut nous rappeler qu’une seule chose demeure, l’union de notre cœur au Cœur de Dieu. C’est dans la pauvreté et dans la petitesse, dans une union d’amour que s’établit un lien d’amour les uns avec les autres. Tout ce qui est ainsi tissé tiendra bon, tout le reste s’évanouira.
« Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Derrière la destruction du Temple se profilent les signes de la fin du monde. L’histoire du monde est entrée dans sa phase définitive avec la venue de Jésus. Derrière le jugement de Jérusalem, nous discernons la venue du Fils de l’Homme. Il faut espérer, il faut veiller, inutile de prévoir. Une transformation fondamentale est à réaliser dans le monde et dans notre vie. C’est le « passage » d’un temple de pierre à un « Temple » tout intérieur qui est notre cœur. L’Esprit Saint est l’Auteur principal de la civilisation de l’Amour qui annonce le Royaume de Dieu. C’est Jésus qui opère notre conversion : « Que nous mangions, que nous buvions, » nous le faisons "dans le Christ Jésus." Nous sommes unis au Christ et à Marie dans une unité toute nouvelle qui nous fait réaliser le Corps du Christ.
« Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. Jésus annonce la ruine du Temple en donnant une consigne valable en tout temps d’épreuve : Prenez garde de ne pas vous laisser abuser par les faux messies. L’avenir n’appartient qu’à Dieu seul, mais nous avons le temps du jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace de notre cœur pour accueillir la parole de Jésus. Dans la violence du monde qui ne reçoit pas cet amour, au sommet de la Croix, Jésus s’écriera : « J’ai soif ! » C’est un cri pour la réalisation d’une Humanité nouvelle. Le Royaume de Dieu relève les défis de la violence pour bâtir la civilisation de l’amour. Unis à Jésus dans sa Passion et à l’Esprit Saint, nous voulons bâtir le Corps du Christ en priant sans cesse. Dans la vie des baptisés le règne de Dieu s’élabore dans le nouvel amour qui nous habite. Dans le Corps du Christ, nous tissons des liens d’amour qui permettent au Christ d’étendre son règne de Paix à travers tout l’univers. Jésus bénit le Père d’avoir révélé ce mystère aux pauvres et aux tout-petits.