"Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s’avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? »

Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Selon la tradition des rabbins, la Loi de Moïse comprenait 613 commandements, dont 365 étaient des interdictions, et 213 des préceptes positifs. L’une des règles d’interprétation avait tendance à situer tous les commandements sur le même plan : « Que le commandement léger te soit aussi cher que le commandement grave ! » Cela pouvait partir d’une bonne intention et exprimer un amour de Dieu très attentif, mais cela pouvait aussi bien virer au légalisme pointilleux, et parfois aboutir à une déformation des consciences. Au temps de Jésus quelques hommes clairvoyants dans leur foi essayaient d’établir une hiérarchie parmi ces multiples obligations de la Loi ; d’où la question de ce spécialiste à Jésus : « Quel commandement est le premier de tous ? » A la réponse de Jésus, l’homme unit les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour des frères.
"Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices." Jésus a répondu en citant d’abord le beau texte que tous avaient en mémoire, que tous les hommes juifs devaient réciter au moins deux fois par jour. "Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même." La réunion des deux commandements dans l’Amour de Dieu, c’est aimer son frère comme soi-même. Nous sommes confrontés à ce défi d’aimer. Nous avons l’expérience de ce qui s’oppose à l’amour en nous. Saint François d’Assise disait déjà : « L’amour n’est pas aimé. » Jésus nous a rendu vainqueurs de tout ce qui s’oppose à l’amour. Par sa Croix, Jésus a glorifié le Père en nous sauvant de la haine. Il est l’Amour qui se donne en nourriture pour nous communiquer sa vie. L’Eucharistie, l’Amour infini de Dieu, nous transforme jusqu’à ce que nous devenions amour. Nous célébrons l’Eucharistie pour manger le Pain de vie afin d’obtenir la vie.
"Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger." Les deux commandements sont semblables. L’amour du prochain comme l’amour pour Dieu doit mobiliser toute la personne et toutes ses forces. On ne peut vraiment s’approcher de Dieu sans commencer à aimer tout ce que Dieu aime. Plus on est près de Dieu, plus on se rend proche des enfants de Dieu. Tu n’es pas loin, puisque tu cherches la vérité, puisque tu veux la trouver auprès de moi, dit Jésus. Tu n’es pas loin, si tu as entrevu l’importance de la charité, la reconnaissance des autres et l’amitié de Dieu. Tu n’es pas loin, si tu as compris qu’il faut vouloir concrètement pour ton frère ce que tu veux pour toi, une vie joyeuse, donnée, efficace. Jésus est vainqueur par son Amour de tout ce qui s’oppose à l’Amour. Nous le suivons pour mourir à nous-mêmes et pour advenir à la Vie ! Nous sommes invités à participer au salut de nos frères et à entrer ainsi dans le Royaume. Le mystère eucharistique est le grand brasier d’amour qui régénère l’humanité. Quand nous mangeons le Pain de vie et que nous buvons le Vin de noces, nous faisons advenir en nous, comme Marie à l’Annonciation, le mystère du Fils de Dieu.