Les pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus est interrogé comme un maître dont on veut vérifier l’autorité. Il mène ses interlocuteurs à une interrogation de plus en plus radicale sur la vérité de leur attachement à Dieu et sur le mystère de sa personne. La question du plus grand des commandements revêt une grande importance, étant donné les 613 commandements, répartis en 365 défenses, le nombre des jours d’une année, et en 248 commandements, selon le nombre des composants du corps humain. La question vise moins à établir une hiérarchie de précepte qu’à découvrir l’essence même de l’exigence morale. Jésus, mis à l’épreuve, invite les pharisiens à aimer leurs frères avec l’Amour même de Dieu. Dans la Bible, Dieu se présente comme l’Époux de son peuple. Le chemin de la rencontre avec Dieu est l’Amour, qui se fait aussi Amour fraternel. Jésus, le Fils du Père, nous introduit dans cette filiation nouvelle qui fait de nous des frères et des sœurs qui s’aiment. Dieu attire à lui l’humanité, sa petite créature choisie, aimée comme son enfant qui est l’Unique. En réponse, chacun de nous, librement, peut faire le chemin de confiance en Dieu et s’approcher de lui.
« Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Dieu fait alliance avec l’homme et lui dévoile sa volonté à travers la loi. Le respect le plus élémentaire vis à vis de Dieu, exige que l’on ne réduise pas la volonté divine à la conception que l’on peut se faire de l’image de Dieu. Une idole est sans souffle et sans dynamisme, elle n’engage à rien. C’est par l’engagement de toute son existence que Jésus fait la preuve de la vérité de sa réponse : « Ecoute, Israël, le seigneur notre Dieu est le Dieu unique. Tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton esprit, » et il y joint aussitôt : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Par sa réponse au docteur de la Loi, Jésus nous fait avancer dans la rencontre avec le Dieu d’Israël. Il unit l’amour de l’unique Seigneur et l’amour du prochain comme soi même. Dieu est ce Roi d’amour diffusif de lui-même, c’est un feu qui rayonne et qui éclaire, il attire tout à lui et finit par tout consumer dans la tendresse de Dieu. Pour entrer dans cet amour Jésus nous donne l’Esprit Saint, Communion d’amour du Père et du Fils qui nous invite à la table du Père.
"De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » Jésus lie l’amour de Dieu à l’amour du prochain, tout en mettant l’amour de Dieu en avant puisque c’est le second commandement qui est semblable au premier. Cependant, « semblable » attire notre attention et établit une relation étroite entre les deux commandements. Il est difficile de faire une stricte équivalence entre l’amour de celui qui est bon, le miséricordieux, l’être parfait, et l’amour du prochain avec lequel nous entretenons des relations imparfaites marquées par le péché ou par la violence. Il reste que l’équivalence entre les deux commandements de l’amour déroute la conscience chrétienne. Elle se laisse aller facilement à privilégier l’un des deux pour oublier l’autre. Jésus nous invite donc à ne pas opposer l’amour de Dieu et celui des hommes. Les deux commandements sont semblables, aimer Dieu, le créateur et le rédempteur de l’homme, et aimer l’homme, image et ressemblance de Dieu. Jésus en unissant l’Amour de Dieu et l’Amour des frères est le Chemin pour notre vie. Le Commandement de l’Amour nous est donné pour que l’Amour de Dieu prenne tout en nous et que nous puissions nous aimer dans cet Amour même de Dieu. Cet Amour nous fait entrer dans un amour qui est « fusion d’amour » dans la distinction des personnes et qui demeurent unique dans l’Amour infini de Dieu qui les unit. Dieu Amour réalise ce plan d’Amour en invitant sa créature, qui est devenue en Jésus son enfant, à la table de son grand Amour. L’Amour nous transforme pour que nous devenions amour !