Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Jésus, « regardant ses disciples. » Il nous faut d’abord nous laisser regarder par Jésus. Retrouver cet amour fondamental : Il est notre Créateur, il est notre Sauveur. Jésus veut raffermir la communauté des pauvres, des éprouvés et des menacés. Il est attentif à l’homme qui est dans le manque, il veut le ramener à l’essentiel, à la promesse de Dieu où chacun est convoqué au bonheur. Notre richesse est le règne de l’amour qui s’accomplit en nous, il ouvre notre cœur aux dons de Dieu, c’est la seule et vraie joie. Les béatitudes sont une invitation à la sainteté, elles sont un chemin de vérité, de justice et surtout un chemin d’humilité et de douceur. Heureux, si nous savons pleurer avec ceux qui pleurent, car nous rirons dans la lumière de Dieu quand le sourire de Dieu aura triomphé de toutes nos peurs. Nous goûterons auprès de lui la joie des cœurs libres, la joie de ceux qui aiment et qui se savent aimés. Dieu habite en nous véritablement, il souffre en nous sa Passion et il nous invite à le rejoindre, pour que nous sachions, par expérience, jusqu’où va son amour. C’est est une grâce à demander. Nous nous situons dans cet amour, pour regarder la réalité autrement, comme Dieu la regarde, avec tendresse et avec amour.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Il nous faut aller vers la désappropriation de soi pour que l’amour de Dieu puisse tout prendre en nous. Jésus nous aime, il veut nous prendre dans son cœur. Il faut que nous abandonnions nos égoïsmes pour nous retrouver sur un plan plus essentiel. L’Amour infini de Dieu fait abstraction de ce qui est particulier, au profit d’une vision plus élevée, plus divine. Les pleurs s’écoulent quand le vase est brisé, c’est un lieu très délicat et des plus sensibles. C’est un si grand mystère que Jésus pleure sur Jérusalem ! Il a été rejeté, maudit, on l’a traité de Satan ! Il a prit sur Lui la haine du monde, tous nos péchés. Il a tout pris véritablement dans sa propre vie, dans sa chair, dans son cœur. Tout ce qu’il est, il nous l’a donné. Le cœur de Jésus a éclaté sous le coup de lance pour nous manifester son amour infini. Il y a toujours pour nous une possibilité d’élargir notre cœur, nos filets, pour aimer comme Jésus, l’aimer infiniment, sans retour, d’une manière tout à fait gratuite. Nous voulons aimer "candides comme des colombes, et prudents comme des serpents," avec un amour gratuit venant de Dieu.
« Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. Être riche, c’est n’avoir plus en soi cet espace de désir que seul Dieu peut combler. C’est la blessure de l’espérance que Dieu seul peut guérir en la mettant en lumière. Il nous montre ainsi notre manque du vrai bonheur. Est riche, celui qui n’attend plus rien de Dieu, il a refermé les mains sur son avoir, il a mis « toute sa consolation » dans une sécurité matérielle. Il se contente de l’immédiat et se laisse remplir des choses qu’il possède ou qu’il convoite. Il ouvre alors en lui-même comme un puits sans fond, une faim qui le tenaille à tout moment ! Malheureux sommes-nous, lorsque nous nous installons dans la facilité, sans rien de profond qui nous passionne. Nous nous retrouverons seuls, sans horizon ni amitié, quand l’épreuve nous visitera. Il nous faudrait rentrer en soi-même, retrouver la faim d’une vie authentique, ouverte et généreuse.