3 - Jésus tombe pour la première fois.
Garde-moi, Seigneur, de la main des impies, contre l’homme violent, défends-moi, contre ceux qui méditent ma chute, les arrogants qui m’ont tendu des pièges ; sur mon passage ils ont mis un filet, ils ont dressé contre moi des embûches. Je dis au Seigneur : « Mon Dieu, c’est toi ! » Seigneur, entends le cri de ma prière. Tu es la force qui me sauve, Maître, Seigneur ; au jour du combat, tu protèges ma tête. Psaume 139 , 5-8
La Parole prédisait ce mystère de la chute : « Contre ceux qui méditent ma chute, » dit le Psaume. Jésus est tombé ! Il est à terre, sous la Croix. C’est un nouveau commencement que Jésus ouvre pour nous. Il va nous aider à nous relever de nos chutes. Cet arrêt prépare un nouveau départ. Avec lui, tombé, mis à terre, il sera possible de nous relever, de repartir, mais ou ? pourquoi ? comment ? Nous devrons l’apprendre de nos chutes ! Il nous faut entrer dans la vérité du regard de Jésus sur nous, revenir à la Source pour sortir de nous-mêmes.
Karamazov fera dire au starets, dans le dialogue avec Fiodor, p. 83 : s : « N’ayez pas tant honte de vous même, car tout le mal vient de là. » Il nous faut en effet découvrir combien nous avons honte de nous-mêmes et par là même des autres. Quand nous sommes par terre, les perspectives changent ! "Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple. Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve puisqu’il est son ami ! » Avec la chute de Jésus, un chemin de vérité est à l’œuvre pour nous quand nous le suivons. Nous ne voyons plus les réalités de la même manière que quand nous étions debout. Nous sommes devant une heure de vérité. C’est une rude réflexion qui s’amorce.
Karamazov, dans ce dialogue, nous sert de lumière pour reconnaître combien nous sommes dans le mépris des autres et le mépris de nous mêmes, sans le savoir. Fiodor : f : « Quand je vais vers le gens, il me semble que je suis le plus vil de tous » …« Faisons le bouffon, je ne crains pas votre opinion, car vous êtes tous, jusqu’au dernier, plus vils que moi ! » … Je fais le bouffon par honte… Si j’étais sur, en entrant, que tous m’accueillent comme un être sympathique et raisonnable, Dieu, je serais bon !… Que faire ?" Voilà à l’œuvre le regard des autres sur nous, et nous nous défendons par le mépris.
La réponse du starets nous aide à commencer à nous convertir. Le changement de perspective nous aide à nous remettre dans la vérité de notre vie. Ecoutons le : s : … avant tout ne mentez pas. Surtout ne vous mentez pas à vous même. Celui qui se ment à soi même et écoute son propre mensonge va jusqu’à ne plus distinguer la vérité en soi ni autour de soi ; il perd donc le respect de soi et des autres. Seul Jésus le Sauveur peut nous remettre debout devant notre vérité. Il n’est pas venu pour juger, mais pour sauver. C’est quand il est à terre que je peux accepter d’être là, avec lui. C’est son regard d’Amour qui me permet de faire face à cette nouvelle réalité.
Le starets dit bien à Fiodor ce qui se passe en lui : « Ne respectant personne, il cesse d’aimer, et pour s’occuper et se distraire, en l’absence d’amour, il s’adonne aux passions et aux grossières jouissances, il va jusqu’à la bestialité dans ses vices, et tout cela provient du mensonge continuel à soi même et aux autres. Celui qui se ment à soi même peut être le premier à s’offenser. On éprouve quelque fois du plaisir à s’offenser n’est ce pas ? Un individu sait que personne ne l’a offensé, mais qu’il s’est forgé lui même une offense, noircissant à plaisir le tableau, qu’il s’est attaché à un mot et il fait d’un monticule une montagne, - il le sait, pourtant il est le premier à s’offenser, jusqu’à en éprouver une grande satisfaction ; par là même il parvient à la véritable haine… »
Certes, il nous faut traduire ce jugement qui est différent en chacun de nous ! C’est quand nous sommes à terre que nous pouvons nous ressaisir. Nous retenons la leçon. C’est le menteur qui nous introduit en tentation de mensonge perfide qui nous détruit. Nous avions déjà expérimenté chez les autres cette manière de se dévaloriser, parfois, c’était à l’extrême ! La prise de conscience est maintenant pour moi. f : J’ai pris plaisir toute ma vie aux offenses, pour l’esthétique, car être offensé, non seulement ça fait plaisir, mais parfois c’est beau ! Nous n’avions pas conscience de ce regard faussé par les regards d’autrui qui nous ont mis par terre. Jésus tombe pour me chercher là, et me remette debout.
Et moi, je suis un ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple. Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve puisqu’il est son ami ! » Psaume 21, 7-9 Devant la première chute de Jésus, c’est à terre que je le regarde. C’est pour moi qu’il est là, c’est maintenant qu’il me sauve.