2 - Jésus est chargé de sa Croix
"Ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. (…) Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir. - Quatrième chant du Serviteur souffrant. Isaïe 53, 4-7"
Le Jeudi Saint, avant d’entrer dans sa Passion, Jésus célèbre la sainte Cène. C’est ainsi qu’il nous invite à participer à son sacrifice. Avec Jésus, nous pouvons nous offrir à Dieu, comme lui, en victime d’Amour. Par l’offrande de sa vie et par la sainte communion au Corps de Jésus, chacun, à sa manière, prend part au salut opéré par le Christ. C’est notre personne toute entière, qui s’offre au Père sous les signes du pain et du vin à l’Eucharistie, dans le Christ Jésus. Tout ce que nous faisons à la suite de Jésus, exprime notre abandon à la volonté de Dieu notre Père.
Marie, sa Mère, suit Jésus partout ou il va, comme l’épouse suit son Bien Aimé ! Élisabeth de la Trinité l’explicite en disant son désir d’être épouse du Christ : Etre épouse du Christ, ce n’est pas seulement l’expression du plus doux des rêves, c’est une divine réalité. L’expression de tout un mystère de similitude et d’union. Épouse, ce nom fait pressentir l’amour donné et reçu, l’intimité, la fidélité, le dévouement absolu, être épouse, s’est être livrée comme lui s’est livré. Être épouse, c’est avoir tous les droits sur son cœur. C’est un cœur à cœur pour toute une vie, c’est vivre avec, toujours avec, et se reposer de tout en lui. Et lui permettre de se reposer de tout en notre âme. C’est ne plus savoir qu’aimer, aimer en adorant, aimer en réparant, aimer en priant, en demandant, en s’oubliant, aimer toujours sous toutes ses formes.
Être épouse, c’est avoir les yeux en les siens, la pensée hantée par lui, le cœur tout pris, tout envahi, comme hors de soi et passé en lui ; L’âme pleine de son âme, pleine de sa prière, tout l’être captivé et donné. C’est en le fixant toujours du regard, surprendre le moindre signe et le moindre désir, c’est entrer en toutes ses joies, partager toutes ses tristesses ; C’est être féconde, corédemptrice, enfanter les âmes à la grâce. Enfin, c’est avoir ravi son cœur au point qu’oubliant toute distance, le Verbe s’épanche dans l’âme comme au sein du Père avec la même extase d’amour infini. C’est le Père, le Verbe et l’Esprit envahissant l’âme, la déifiant, la consument en eux par l’amour. C’est le mariage, l’état fixe parce que c’est l’union indissoluble des volontés et des cœurs et Dieu dit : Faisons-lui une compagne semblable à lui : Ils seront deux en un.
C’est alors que nous entrons dans le véritable mouvement d’adoration. L’adoration est un mouvement volontaire où nous nous prosternons devant Celui que nous reconnaissons comme notre Dieu, et que nous voulons adorer. C’est dans le mystère de Jésus que nous allons progresser dans l’adoration parce qu’il est le véritable Adorateur du Père, en Esprit et en Vérité. Jésus, à l’agonie, se prosterne, il est affalé par terre. Il est là, sous la puissance de l’amour infini de son Père, devant la sainteté du Dieu trois fois Saint. Jésus a revêtu notre péché : « Il a été fait péché pour nous, » dit Saint Paul. Il porte sur lui sa Croix, c’est la distance, le dégât, que le péché a introduit dans la créature, dans l’humanité. Quand Jésus a accepté le manteau rouge de dérision royale, il est dans l’agonie, le combat que l’Esprit Saint, en lui, soutient. Jésus, dans sa faiblesse, est fort pour affronter toutes les puissances qui ont soumis la créature au néant.