Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem.

Jésus avance vers Jérusalem, c’est le voyage qui le mène à sa passion et à sa mort. Il sait ce qui l’attend, et pourtant il quitte sa Galilée natale, et « résolument » prend la route de Jérusalem, qui traverse la Samarie. Il envoye des disciples pour préparer l’hébergement, mais les gens de Samarie ne veulent pas le recevoir. Cela leur demanderait une grande conversion, celle d’être les enfants bien aimés du Père. Jésus contourne l’obstacle. La toute puissance de son Amour est au service de la miséricorde. Nous le contemplons sortant les fils du tonnerre Jacques et Jean de l’illusion. Nous en sommes souvent les victimes en préférant le langage de pouvoir, de la force, plutôt que la détermination, sous la conduite de l’Esprit Saint qui est patience, douceur, et humilité. Nous perdons du temps à tempêter contre nos "Samaritains" plutôt que de nous hâter avec Jésus, prenant résolument le chemin vers Jérusalem, c’est là que le salut va s’accomplir. Sauver le monde, c’est révéler quel est le visage du Père meurtri quand ils voient ses enfants dans la détresse. Comment parler de l’amour de Dieu, sinon en prenant la détresse de nos frères à bras le corps pour leur montrer le visage du Père tendre et miséricordieux.
Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Jésus ne prend pas un chemin de violence, il ne forcera pas l’entrée au village, il décide de partir pour un autre bourg. Cette école de douceur et d’humilité est si importante ! La moindre contrariété, une parole non comprise, peut nous mobiliser et bientôt nous choisissons tous les tonnerres du ciel pour prendre Dieu à témoin de notre bon droit. Nous savons que la pire des pauvretés est d’être rejeté de son peuple et de Dieu même. Jésus vient sauver notre humanité dans sa détresse. Il prend sur lui la détresse du monde. C’est à partir de ce lieu du Salut qu’il nous faut nous examiner en vérité. Jésus va revêtir le sort des plus pauvres, il en sera le Libérateur.
Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village. Jacques et Jean réagissent immédiatement au refus des Samaritains. Ils y voient un manque d’égard pour Jésus et veulent passer en force. La terre de Samarie qui refuse d’accueillir Jésus ressemble beaucoup à notre terre, aujourd’hui. Jésus rencontre encore dans notre monde un mur d’indifférence, de mal-croyance, voire d’hostilité. Pour suivre Jésus, il nous faut du courage, une ferme détermination et un refus de toute violence. Suivre Jésus, c’est libérer ceux qui sont enchainés dans la spirale de la haine. C’est réchauffer les cœurs même quand tout espoir s’en est allé. Avec grande délicatesse, Jésus nous indique que le suivre et lui préparer sa venue, commence par tuer la haine dans nos cœurs pour ne pas tuer l’autre. C’est possible en accueillant en nous le feu de l’Esprit Saint qu’il est venu apporter sur la terre. Ce feu détruit tout ce qui s’oppose à la vie fraternelle, au royaume de Dieu. Le feu de la charité, de la compassion et de la solidarité sont vainqueurs du feu homicide de ceux qui font violence. Il n’y a pas d’autres chemins de célébrer la Pâques que le chemin de nous réconcilier entre nous. L’Eucharistie nous donne par quel chemin il nous faut passer pour suivre Jésus.