Quand Jésus apprit cela, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades.
Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Le miracle des pains de Jésus pour une grande foule, dans un lieu désert, avait une portée extraordinaire. Il rappelait le don de la manne au désert, la providence inlassable de Dieu pour son peuple. Le miracle de Jésus était pour susciter la foi. Jésus parlait en plein air, ses guérisons attiraient les foules, le jour commençait à baisser. Jésus se tient au milieu d’une multitude qui a faim, il l’accueille, il lui parle, il se préoccupe de chacun, lui montre la miséricorde de Dieu. Les Douze vinrent lui dire : Renvoie la foule, pour qu’elle aille se loger et trouver du ravitaillement dans les villages des environs ; Nous ne pouvons pas répondre à la foule qui nous est confiée par les moyens humain que nous possédons. Déjà, Jésus annonce le mystère de l’Eucharistie. Aujourd’hui encore, Jésus veut changer nos perceptives, il nous demande de regarder vers notre Père des cieux. Jésus veut transformer notre humanité pour qu’elle ne s’appuie pas sur elle-même, mais qu’elle compte avec la providence de Dieu qui est toujours à l’œuvre.
Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. » Jésus dit : « Apportez-les moi. » Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. Jésus veut donner un enseignement aux Douze. Au-delà de la faim matérielle des hommes qu’ils ne devront jamais oublier, Jésus vise une faim plus radicale qu’il est le seul à pouvoir combler : la faim de la Parole de Dieu. Jésus veut être perçu comme l’Envoyé de Dieu, le vrai berger d’Israël capable au nom et avec la puissance de Dieu de rassembler et de nourrir son peuple. Cette parole ouvre l’avenir et met debout divinement ceux qui l’entendent. Les gestes de Jésus lors de la multiplication des pains sont les gestes du chef de famille bénissant le pain à chaque repas, ceux-là mêmes que Jésus refera le soir du Jeudi-Saint : « Jésus prit du pain, le rompit, le bénit et le donna à ses disciples… » Mais les Galiléens vont réagir humainement au miracle des pains, ils voudraient enlever Jésus pour le faire roi. Le pain reçu à satiété dans le désert préfigure l’Eucharistie que Jésus donnera à son peuple la veille de sa mort. Le miracle des pains pointe nos regards vers l’avenir. Nourris par Jésus avec la foule dans le désert, les Apôtres, à leur tour, devront nourrir le peuple de Dieu avec le pain même de Jésus, le pain de sa Révélation et le Pain vivant de son Corps ressuscité.
Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants. Aussitôt Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Si nous savons mettre à la disposition de Dieu ce que nous avons, nos pauvres capacités, notre vie sera féconde, elle portera du fruit. Dieu se fait proche de nous. Le peuple de Dieu tout entier a trouvé la joie auprès de Jésus. Par le sacrifice de la Croix il s’abaissera plus encore en entrant dans l’obscurité de la mort pour nous donner sa vie. Dans l’Eucharistie, Jésus nous fait parcourir la route du service, du partage, du don, et le peu que nous avons devient richesse. Dans les douze corbeilles pleines qui restent, nous entendons les douze tribus d’Israël qui avaient été rassasiées. Si chacun met en commun ce qu’il a, nous avons ensemble de quoi avancer avec Jésus qui prend sur lui tous nos soucis. Chaque jour l’Eucharistie tourne nos yeux vers le moment de la mort glorifiante de Jésus, cette Heure où une fois pour toutes, Jésus est passé de ce monde au Père. C’est en même temps la communion des frères et des sœurs, l’action de grâces ou nous anticipons le moment où Jésus viendra de nouveau, pour nous prendre tous avec lui dans sa gloire. La puissance de Dieu qui est celle de l’amour descend dans notre pauvreté pour la transformer.